Après la mine

Marie Sébire
3 min readApr 1, 2021
Vue de la mine depuis un site d’observation installé à des fins touristiques. Le puits minier mesure 2 kilomètres de diamètre. C’est la serpentine qui donne sa couleur bleu-vert à l’eau du lac. Décembre 2019.

Ne l’appelez plus Asbestos. Le 19 octobre 2020, les habitants ont tranché : l’ancienne ville minière d’Estrie change de nom et s’appelle désormais Val-des-Sources. Et c’est en auto, pandémie de COVID-19 oblige, que 2796 des quelques 7000 habitants de cette ancienne ville minière sont allés voter pour choisir le nouveau nom de leur ville. Côté municipalité, on se félicite de l’issue de cette démarche. « Ça fait trente ans qu’on parle de changer de nom » rappelle Jean Roy, conseiller municipal, joint peu de temps après le vote. Il faut dire qu’asbestos, en anglais, cela signifie amiante, et ce n’est pas très bon pour l’image.

L’amiante, pourtant, c’est ce qui a fait la richesse de la ville, puisque c’est ici qu’a prospéré pendant plus d’un siècle la plus grande mine d’amiante à ciel ouvert au monde : la mine Jeffrey. Impossible de la manquer, 120 ans d’extraction ont creusé un cratère de près de deux kilomètres de diamètre, qui se remplit progressivement d’eau depuis sa fermeture en 2012.

Alors même si le minerai souffre d’une réputation terriblement négative depuis que l’on a découvert son caractère cancérigène, les citoyens sont fiers de leur passé minier. Ville mono-industrielle comme tant d’autres au Canada et dans le monde, il a pourtant fallu que les habitants recomposent leur identité après le départ de la compagnie qui leur garantissait emplois et lien social.

A l’entrée de la ville, un camion minier de 200 tonnes est exposé. Décembre 2019 // La rue Hutcheson sous la neige. Les maisons construites dans ce quartier, proche de la mine, hébergeaient les employés. Francesco Spertini a pu racheter sa maison et y vit toujours. Janvier 2020 // Exposition de minéraux extraits du puits minier Jeffrey. L’exposition est installée de manière permanente dans la bibliothèque, elle-même hébergée dans l’ancienne église Saint Aimé. L’église Saint-Aimé est la troisième du nom à Asbestos : la première a été démolie en 1967, lors de l’expansion de la mine, et la seconde n’a pas eu le temps de voir sa construction achevée avant de devoir déménager pour les mêmes raisons. Janvier 2020
Francesco Spertini, géologue retraité de la mine, chez lui à Asbestos. Janvier 2020.
Pierrette Theroux, fondatrice de la société d’histoire d’Asbestos, dans son jardin. Octobre 2019.
Jean Roy, conseiller municipal d’Asbestos, devant une carte aérienne de la ville exposée à la mairie. Décembre 2019.
Danick Pellerin, cofondateur de la microbrasserie Moulin 7, à Asbestos. Le restaurant est décoré d’objets recyclés de la mine et ses bières la «100 tonnes», «l’or blanc» ou la «mineur», sont nommées en référence au passé minier de la ville. Octobre 2019.
Le 9 janvier, un citoyen d’Asbestos intervient lors de la première réunion publique d’information sur le changement de nom de la ville. Janvier 2020.
Vue du moulin 6, inauguré en 1973. Le matériau extrait de la mine y était acheminé pour être séché et concassé. C’est ici que Francesco Spertini a travaillé pendant cinq ans avant de prendre sa retraite. Le moulin 6 a été démoli en décembre 2019. Octobre 2019. // Vue de la mine, depuis le fond du puits. Juillet 2019. // Hugues Grimard, maire d’Asbestos, donne une conférence de presse quelques minutes avant la tenue de la première réunion publique sur le changement de nom de la ville. Janvier 2020.

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