Après la mine
Ne l’appelez plus Asbestos. Le 19 octobre 2020, les habitants ont tranché : l’ancienne ville minière d’Estrie change de nom et s’appelle désormais Val-des-Sources. Et c’est en auto, pandémie de COVID-19 oblige, que 2796 des quelques 7000 habitants de cette ancienne ville minière sont allés voter pour choisir le nouveau nom de leur ville. Côté municipalité, on se félicite de l’issue de cette démarche. « Ça fait trente ans qu’on parle de changer de nom » rappelle Jean Roy, conseiller municipal, joint peu de temps après le vote. Il faut dire qu’asbestos, en anglais, cela signifie amiante, et ce n’est pas très bon pour l’image.
L’amiante, pourtant, c’est ce qui a fait la richesse de la ville, puisque c’est ici qu’a prospéré pendant plus d’un siècle la plus grande mine d’amiante à ciel ouvert au monde : la mine Jeffrey. Impossible de la manquer, 120 ans d’extraction ont creusé un cratère de près de deux kilomètres de diamètre, qui se remplit progressivement d’eau depuis sa fermeture en 2012.
Alors même si le minerai souffre d’une réputation terriblement négative depuis que l’on a découvert son caractère cancérigène, les citoyens sont fiers de leur passé minier. Ville mono-industrielle comme tant d’autres au Canada et dans le monde, il a pourtant fallu que les habitants recomposent leur identité après le départ de la compagnie qui leur garantissait emplois et lien social.